Je fais du bénévolat au Spa de la Rue. J’ai massé les itinérants retraités de la Maison J.A. De Sève. Les femmes du Chaînon. Les jeunes de chez Pops et ceux du regroupement Trisomie 21. J’ai massé les rescapés de Ma Chambre, les écorchés du Toit Rouge. Et aujourd’hui pour la première fois, j’ai massé au Pavillon Patricia McKenzie, là où les femmes de la rue viennent trouver refuge.
La magie du toucher
Elles fréquentent la clinique parce qu’elles ont mal au corps. Peut-être aussi parce qu’elles ont mal à l’âme. Mais sur ça, on se garde bien de questionner. On se contente d’offrir ce qu’on a de mieux dans les circonstances; notre talent, notre don, celui du toucher.
Et non ils ou elles ne sont pas sales. Ni effrayants, ni dégoûtants. Je ne sors pas de là le cœur brisé, l’âme en miette ou l’énergie à zéro. Au contraire. Dans ce petit moment de grâce éphémère, chacun se dépose avec apaisement. Il y a une reconnaissance et un respect mutuel qui me touche chaque fois.
Le bénévolat qui dénoue les nœuds
Masser au Spa de la Rue c’est dénouer des nœuds à tous les niveaux. Ceux d’un rhomboïde ou d’un trapèze bien entendu, mais aussi, et surtout, ceux du cœur. Le mien c’est certain en tout cas.
Depuis le début de ma collaboration avec le Spa de la Rue j’ai compris une chose; lorsqu’on donne, c’est sa propre âme qu’on guérit. Le bénévolat, bien au-delà d’aider celui qui en bénéficie, soigne celui qui le fait.
Ce matin, j’avais débuté ma journée avec le cordon du cœur qui traînait dans la poussière. Et puis dans ce lumineux local du boulevard Maisonneuve, la magnifique magie a opéré. Une magie que je sens chaque fois que je masse au Spa de la Rue mais que je n’ai jamais pu nommer. Et c’est bien en évidence sur le mur du Pavillon Patricia McKenzie qu’elle m’a enfin été expliquée;
L’esprit s’enrichit de ce qu’il reçoit, le cœur de ce qu’il donne. -Victor Hugo